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By RQS Editorial Team

Chez Royal Queen Seeds, nous sommes avides des meilleures informations et connaissances concernant le cannabis. Lors de nos entretiens, nous nous adressons à des figures venues de toute l’industrie du cannabis. Aujourd’hui, nous avons le plaisir de nous adresser à Jimi de Reggae Seeds.

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Comment est née ta passion pour le cannabis ?

On pourrait dire que c’était par accident. Petit à petit, j’ai appris à connaître ce plant unique et magique et sans même le calculer, il a intégré ma vie. Alors, pourquoi ne pas en tirer le meilleur parti ?

Mes premières récoltes remontent à quand j’avais 20 ans. Pas si prématuré que ça donc. Jusqu’à ce stade où on était plutôt… et bien, nous appartenions à la génération alcool et toutes les autres substances horribles, pas vrai ?

Alors à l’âge de 20 ans on a commencé à expérimenter avec le cannabis, à cultiver nos premiers plants sans trop savoir le modus operandi ou même comment il fallait les récolter, si les plants étaient mâles ou femelles… bref, on tâtonnait. L’année suivante, vers mes 21 ans, on a commencé à récolter davantage d’informations sur ce qu’on faisait.

On réalisait des essais et on a enchaîné et détruit pas mal de nos tentatives. Bien sûr, on a réussi à en faire fleurir malgré tout. J’ai commencé peu après à vraiment m'y intéresser. Ainsi, on avait de plus en plus de données à traiter, et quand on a découvert que les mâles n’étaient pas si indésirables et qu’il était possible de créer des graines et tout ce qui va avec, j’ai commencé à tester pour voir ce qui se produirait si je combinais ce mâle et cette femelle, quelles graines en résulteraient. Un peu comme avec les boutures, nous essayions juste de trouver notre voie.

On testait des tas de choses sans vraiment trop y croire et sans vraiment réaliser que cela déteignait sur ma vie, mon travail et ma passion. On était techniquement juste sur de l’expérimentation.

Reina Madre x New York Diesel sont les parents de l’une de vos graines les plus populaires qui est « Juanita la Lagrimosa ». Que cherchiez-vous à obtenir en les croisant ?

Il s’avère qu’en réalité j’étais toujours en train de faire des tests et que ma priorité était de ne pas perdre Reina Madre. J’ai obtenu la bouture originale de la Reina Madre d’une source peu fiable et j’ai donc décidé de rapidement la faire fleurir sans garder de plant mère. Et quand j’ai réalisé que oui en effet, j’avais bel et bien une Reina Madre entre les mains, sa floraison était déjà bien avancée. De ce fait, j’ai dû la refaire passer en phase végétative : ce n’est pas une astuce que j’aime particulièrement faire, car les plants peuvent parfois en mourir.

À cette époque, je faisais une sélection de New York City Diesel que j’avais achetée à la première et la seconde édition du Spannabis et j’avais donc quelques plants mâles dans une autre pièce pour en prendre des boutures ou les sortir. J’ai pris le pollen d’un des plants mâles et j’ai fertilisé la Reina Madre comme avec les autres plants d’intérieur que j’avais, mais seulement sur les têtes inférieures. J’ai obtenu de ce test près de 50 à 100 graines par plant.

Juanita la Lagrimosa

En voilà une sacrée coïncidence qui croise votre route et qui tombe à pic quand vous cherchiez une variété qui n’était pas trop dominée par le THC. Qui eût cru qu’elle finirait par être consommée et utilisée à outrance comme base génétique pour donner lieu à une toute nouvelle génération de CBD ?

Oui, oui. Selon moi, j'ai été choisi et c’est sûrement lié à mon respect pour cette plante. Au fil des années, j’ai rarement cru que c’était lié à la chance, car je n’y crois pas trop, mais bon sang, j’ai bien de la chance d’avoir été « choisi » pour ça parce que je n’ai même pas sélectionné la Juanita moi-même. J’avais tant de choses à sélectionner que je l’ai donné à un copain habitant à Majorque et je lui ai dit : « Prends ça, elle a du potentiel et je te laisse la sélectionner. J’ai chez moi je ne sais combien de sélections à faire entre des Blue Heaven avec des Russians… bref, des tas de variétés. » Et cet ami de Majorque m’a répondu : « Wow, en effet tu as un beau spécimen ! » Oui, la vérité, c’est que j’ai eu beaucoup de chance. Pas de la chance, mais une bénédiction, si on peut le dire comme ça.

Pourrais-tu expliquer brièvement les racines et origines de Juanita la Lagrimosa ?

Eh bien, les racines viennent d’une Haze de l’île de la Réunion. On ne sait pas trop ce qu’est la Reina Madre. C’est un polyhybride que Mario a fait. Et puis la New York Diesel, dont on ne sait pas non plus d’où elle vient. Et, si ce que Soma a dit à l’époque de cette variété est vrai, on pense que c’est une Lemon Kush ou quelque chose comme ça.

Nous avons parlé à des gens en Californie, et il y a une variété qui penche un peu vers cette nuance orange. Et dans certains cas, ces plantes produisaient aussi du CBD. Donc la base génétique est plus ou moins celle-là. Puis, comme je l’ai dit, c’est de là que tout est venu : on va dire que toute la génétique de Reggae Seeds est issue de ces croisements.

C’était à une époque où je me sentais assez fatigué des effets puissants du THC. J’avais même eu quelques frayeurs mentales. Il y avait des effets que je ne… Je n’aimais pas. J’ai donc cherché des plantes savoureuses qui combleraient mes papilles. C’était comme si l’effet redoutable était secondaire, et sans le vouloir, je sélectionnais des plantes avec ces nuances, hein ? Et j’introduisais le CBD sans même le vouloir.

Je ne l’ai su que lorsque j’avais déjà la banque de graines et que j’en fumais depuis quelques années, mais avec les croisements des plantes que je faisais qui avaient du CBD (même si je ne le savais pas), l’effet était très bon. Par contre, quand je fumais des plantes avec un THC très élevé… Mon Dieu ! Non, ce n’était pas pareil, c’était beaucoup plus difficile pour moi. C’était plus à des fins récréatives, mais c’était très difficile pour moi dans ma vie de tous les jours.

Les racines et origines de Juanita la Lagrimosa

Quelles propriétés devrait avoir une vraie graine de CBD ?

Pour les propriétés, on devrait d’abord avoir un bon ratio CBD et par-dessus tout, des terpènes savoureux et une croissance vigoureuse, bref pas un plant en chiffon quoi. En général, il y a toujours une exception pour un plant qui est très spécial et délicat. Mais souvent, les plants qui ont des terpènes et qui comportent les génétiques de leurs ancêtres, en plus de ne pas être trop délicats et de pouvoir être cultivés par le plus grand nombre, sans une floraison trop longue, sont de bons paris.

"Je suis très fier d’avoir créé une chose qui bénéficie tant au monde et qui est utilisée par de nombreuses personnes"

Que penses-tu des autres banques de graines qui utilisent vos variétés pour créer des génétiques CBD ?

Le cannabis, c’est un monde d’échange pas vrai ? Commençons là. Je pense que c’est un immense honneur que mes variétés aident autrui. Ce que je n’aime pas cela dit, c’est lorsque le travail du sélectionneur d’origine n’est pas reconnu. J’ai utilisé des génétiques issues d’autres banques, mais j’ai toujours reconnu le sélectionneur d’origine et remercié pour leur travail formidable. Je n’en demande pas plus que ça ; seule la reconnaissance d’un travail utile et bien fait me suffit.

Encore une fois, je suis très fier d’avoir créé une chose qui bénéficie tant au monde et qui est utilisée par de nombreuses personnes. Tant que je sais que ce sont mes pieds chéris… C’est parfois aussi bouleversant dans le sens positif que négatif.

Que penses-tu des variétés au CBD à autofloraison ? Penses-tu bientôt sortir des variétés comportant ces caractéristiques ?

Tant que je peux offrir de la qualité et une chose est sûre : il faut que je puisse me projeter. Je ne suis pas fermé aux nouvelles idées après tout.

Pour l’instant, on n’a pas encore eu l’occasion de créer une variété CBD à autofloraison. Je sais qu’il y en a une, mais j’ai tant de travail avec les autres variétés que je ne peux dédier mon temps de travail aux autoflos. Mais il m’arrive de rencontrer certaines personnes motivées par cela, ou de connaître certaines personnes me l’ayant déjà suggéré. J’aimerais m’y mettre, mais ce n’est pas pour tout de suite.

Si l’opportunité se présente, je n’hésiterais pas à créer une variété CBD à autofloraison à laquelle je pourrais donner les caractéristiques de mon choix. Il faudrait que ce soit une affaire garantie, ou bien dans un format à édition limitée, aucune idée à vrai dire, mais l’idée me séduit bien.

CBD à autofloraison

Dans notre banque de graines, on a des variétés CBD comme Dance World et Royal Medic qui descendent toutes deux de la Juanita la Lagrimosa. Qu’en penses-tu ?

Et bien, que peut donc penser un père de ses filles, pas vrai ? Elles sont évidemment fantastiques ; ce sont des génétiques que les gens adorent, aussi bien pour les effets que les saveurs, et toutes nos génétiques sont conçues avec amour et passion. Elles ne sont pas exclusives et correspondent déjà parfaitement à mes critères. Royal a la même qualité que Reggae peut avoir avec ses terpènes et ses caractéristiques : tout est aussi bon qu’à notre lancement.

"Mais je ne vais jamais faire de croisements selon les tendances du moment... me pencher sur ce qui est populaire, mais je me baserais sur mes critères à moi et non pas ceux des autres. "

Deux de tes variétés les plus populaires sont Cannatonic et Juanita la Lagrimosa : quelles sont les différences entre les deux ?

Cannatonic, c’est concrètement une Dancehall. Et Juanita serait la mère de cette plante. Cannatonic pourrait être la Juanita croisée avec une Kalijah, ce qui serait plus de l’ordre d’une hybride. C’est un plant plus compact avec un phénotype peu stable et qui résulte en plant davantage similaire à un polyhybride.

Juanita, même si c’est une polyhybride, imite davantage sa mère, la Reina Madre, avec des têtes plus aérées et des plants qui s’étirent. Cannatonic est un plant plus productif et compact avec des têtes plus fermes. C’est un plant assez instable lors d’hybridation, bien qu’il faille préciser que tous les phénotypes surgiront tels de vrais monstres. Mais, comme Juanita est plus stable, Dancehall peut être assez variable, de la bonne comme de la mauvaise façon.

Juanita la Lagrimosa

D’où tires-tu ton inspiration pour créer de nouvelles variétés ? Cherches-tu à deviner ce que les autres aimeraient voir ou crées-tu spécifiquement ce que vous aimeriez goûter personnellement ?

Honnêtement, je crée toujours ce dont moi j’aurais envie de goûter.

Quand je fais des tests ou des sélections de plants, je vois les nuances dans chaque résultat et je les croise toujours – j’essaie systématiquement de faire des croisements entre toutes mes sélections. Quand on a la place de produire des graines et qu’on a du pollen dedans, je profite de celui-ci, et ce, peu importe d’où il provient, pour avoir de nouvelles choses à tester. C’est un peu comme jouer au loto, à l’exception près qu’on suit des idées précises. Cela peut se développer en quelque chose d’incroyable ou pas du tout, mais dans tous les cas, j’expérimente avec des nuances ou des caractéristiques spéciales de variétés qui selon moi, pourraient concorder pour créer un hybride.

Mais je ne vais jamais faire de croisements selon les tendances du moment. Par exemple, je vais plutôt me pencher sur ce qui est populaire en ce moment comme les génétiques américaines, mais je me baserais sur mes critères à moi et non pas ceux des autres. Ensuite, je laisserai les gens profiter (ou pas) de mon travail.

Comment choisis-tu les génétiques spécifiques que tu aimerais avoir dans ta variété finale ?

La première chose à prendre en compte, c’est les parents. Et si vous allez vers la création d’une régulière, je n’ai personnellement jamais travaillé avec les mâles jusqu’à la floraison pour faire ma sélection. Disons que structurellement je me base selon l’odeur, sur l’aperçu que j’en ai au premier coup d’œil, et je choisirai plus ou moins selon cela : ça a toujours fonctionné pour moi cette méthode.

Puis, pour la femelle à utiliser, on cherche d’abord à ne pas avoir d’hermaphrodisme, à avoir une bonne structure et si possible, qu’on puisse en faire des clones facilement qui seront vigoureux. Tant que vous avez ça, vous êtes bien. Si c’est un plant étrange ou trop sensible, mais qu’une nuance vous intéresse profondément, vous pouvez toujours continuer à aller plus loin.

Vous devriez essayer d’éviter l’hermaphrodisme autant que possible puisqu’elles sont toutes véritablement affectées par cette situation. Avec les plants réguliers, la petite banane habituelle fait toujours son apparition. Dès que c’est possible, amenez le plant femelle jusqu’à la fin de la floraison pour voir son état. Si on ne voit pas de trace d’hermaphrodisme, alors vous avez un excellent plant à disposition. Si elle en présente un peu, alors vous risquez d’avoir des générations hermaphrodites subséquentes, car le gène peut rester là : c’est un risque à prendre.

Penses-tu que le CBD pourrait aider la cause de la légalisation du cannabis ?

La vérité est que je pense que cela pourrait beaucoup aider. À la fois pour la normaliser et pour que les gens l’abordent sans en avoir si peur. Avec le THC, nous sommes allés à de tels extrêmes que, selon les personnes, elles ne sont pas du tout prêtes pour cela. Je ne dis pas que c’est mal, loin de là, bien au contraire. C’est aussi une autre voie, un autre art, et pour les gens qui y travaillent et qui obtiennent ces taux de THC impressionnants, bravo à eux aussi.

Le THC est différent : c’est un psychotique qui peut même malmener le cerveau. Donc le CBD intéresse beaucoup plus de monde en dehors de sa valeur médicale.

Nous ne voulons pas planer à mille lieux toute la journée, et tout le monde n’a pas la possibilité de fumer des substances aussi fortes. Elle intéresse donc beaucoup plus de gens et cela normalise la consommation d’une fleur. Ils perdent leur peur et comprennent vraiment ce que c’est : une plante, une alternative médicale à usage quotidien ou pour un problème de santé. Je pense que le CBD peut être d’une grande aide pour normaliser le cannabis.

Comment as-tu perçu l’évolution du cannabis médical sur les dix dernières années en Espagne ? Que réserve l’avenir selon toi ?

En général, l’évolution a été assez intense et influencée aussi par le marché. Nous avons perdu beaucoup de bases et de recherche de génétiques ou de variétés au profit du marché. Nous avons donc perdu beaucoup de génétiques, mais nous avons acquis… relativement, en connaissances, en savoir ou en qualité de nos variétés actuelles. Mais, disons qu’on sélectionne beaucoup et qu’on profite des clones d’élites qu’on a, et qu’on ne sélectionne plus de nouvelles choses. On se limiterait donc à cela, à ce croisement, à cette plante avec l’autre – il n’y a pas plusieurs phénos ou on ne les recherche plus autant qu’avant.

Nous avons perdu en génétiques, mais nous avons aussi gagné en industrie. Cela a permis à beaucoup de personnes de manger, c’est la loi de la vie ; tant que l’industrie génère autant d’argent et qu’il y a un si grand marché, il y aura toujours des gens qui essaieront d’en profiter. Il y a deux aspects à prendre en compte, si vous cherchez aussi l’autre point de vue.

Cannabis médical

Quel rôle penses-tu que l’industrie pharmaceutique puisse jouer dans le développement des variétés utilisées pour le cannabis médical ?

Ouf, l’industrie pharmaceutique… J’aime bien que tu me poses une telle question. Voyons voir, car je ne veux pas être négatif ; pour les gens en général, je pense que c’est bien. Mais je pense que ce sera au détriment des sélectionneurs, car si à un moment donné cela devient légal, ils demanderont des choses que la plupart d’entre nous ne pourront pas atteindre – ces études ou ces tests, ces installations et ces laboratoires. Je pense donc que le monopole et le type de génétiques vont changer de camp.

Les produits pharmaceutiques sont bien moins chaleureux et propices au partage : c’est un business et ils vont chercher des résultats, des pourcentages, des ratios et tout ça…

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