Cendre blanche ou noire du cannabis : la couleur importe-t-elle vraiment ?

Si vous passez un peu de temps à faire tourner un joint avec des fumeurs chevronnés, vous serez rapidement exposé à la quintessence des controverses sur le cannabis. De l’efficacité de retenir une inhalation à l’exactitude des termes « indica » et « sativa » lorsqu’ils décrivent les effets d’une variété, divers débats continuent de battre leur plein dans la cannasphère. Parmi ces sujets, l’idée que la couleur des cendres indique la qualité des têtes reste l’une des plus débattues.

Certains consommateurs de cannabis considèrent que les cendres blanches sont synonymes de weed pure, bien rincée et de haute qualité, tandis que les cendres noires indiquent que les têtes sont de mauvaise qualité. D’autres, en revanche, ignorent totalement cette distinction et considèrent que la couleur des cendres n’a aucune importance. Alors, faut-il se soucier de la couleur des cendres lorsqu’on fume de la weed ? Nous allons nous pencher sur les deux aspects du débat ci-dessous.

La controverse des cendres blanches et noires : posons les bases

En vérité, la plupart des consommateurs de cannabis n’ont probablement pas pris en compte la couleur des cendres au bout de leurs joints. Cependant, certains connaisseurs parmi nous y voient non seulement une indication de la qualité des fleurs en général, mais utilisent carrément cette métrique comme un moyen de mettre en avant la qualité de leurs fleurs cultivées à domicile. Pour eux, la cendre blanche témoigne d’une culture, d’un rinçage, d’un séchage et d’un affinage appropriés, ce qui permet d’obtenir des fleurs et une fumée de qualité supérieure.

Cependant, cette conclusion ne repose que sur des récits anecdotiques et perd en vitesse si l’on considère l’expérience subjective d’autres cultivateurs et fumeurs. Plutôt que de ridiculiser les cendres blanches et de faire l’éloge des cendres noires, cet autre camp ignore tout simplement l’importance de la couleur des cendres, la mettant sur le compte de la pseudoscience et de la superstition.

La science douteuse derrière la couleur des cendres

Comme on peut le soupçonner, les recherches scientifiques n’ont pas encore permis d’éclaircir le brouillard entre les cendres blanches et les cendres noires du cannabis. Alors que le secteur du cannabis continue de se développer et que les chercheurs concentrent leurs efforts sur la sélection, l’agronomie et la pharmacologie, la couleur des cendres de cannabis n’est tout simplement pas une question urgente pour la plupart. Pour l’instant, le débat reste fermement dans le domaine des cultivateurs et des fumeurs amateurs. Cependant, certains experts dans le domaine de la science du cannabis ont donné leur avis sur la question.

Facteurs proposés qui affectent la couleur des cendres du cannabis

Une longue liste de facteurs a un impact sur la qualité globale du cannabis, notamment les génétiques, les méthodes de culture, le substrat de culture et le traitement post-récolte. Mais ces variables influencent-elles également la couleur des cendres de weed ? Découvrez quels facteurs sont considérés comme les plus importants lorsqu’il s’agit de distinguer les cendres blanches des cendres noires.

• Rinçage

Depuis des décennies, la sagesse conventionnelle veut que le rinçage de la weed avant la récolte augmente la qualité des fleurs de cannabis. Dans cette veine, le fait de ne pas donner plus de nutriments pendant quelques jours ou quelques semaines permet à un plant d’utiliser ses réserves de nutriments en métabolisant les composés qui ont un goût âpre lorsqu’ils sont fumés, ce qui donne une expérience de fumette plus douce et plus agréable. Cependant, même l’acte de rinçage est un sujet controversé et des personnes telles que le Dr Robert Flannery, biologiste spécialiste du cannabis, conteste le concept. Sa thèse^[1] intitulée « Irrigation Management Strategies for Medical Cannabis in Controlled Environments » (Stratégies de gestion d’irrigation pour le cannabis médical dans des environnements contrôlés) a révélé que, contrairement aux idées reçues, le rinçage ne permet pas d’éliminer une quantité significative de nutriments des fleurs de cannabis.

Cela dit, de nombreux cultivateurs et fumeurs continuent de penser que cette technique modifie dans une certaine mesure la phytochimie des fleurs, ce qui permet d’obtenir des têtes qui créent des cendres blanches « désirables ». Cependant, les cultivateurs qui ne pratiquent pas le rinçage font également état de cendres blanches lorsqu’ils fument leur production domestique : la question demeure donc en suspens.

• Substrat

Même si les recherches n’ont pas encore permis de déterminer si et comment le substrat influe sur la couleur des cendres des têtes, certains cultivateurs ont constaté que certains substrats étaient largement bénéfiques pour la qualité des fleurs. Aujourd’hui, de nombreux cultivateurs délaissent l’hydroponie et les nutriments synthétiques au profit de systèmes de « terre vivante » qui utilisent des nutriments organiques et s’appuient sur les membres microbiens du réseau trophique du sol pour fournir des nutriments à leurs plants. Les adeptes de cette philosophie de culture déclarent souvent produire des têtes de plus haute qualité, qui, selon l’opinion générale, produiraient probablement des cendres blanches.

• Température de combustion

Indépendamment du rinçage et des autres méthodes de culture, la température de combustion est un élément qui peut très bien être à l’origine de la couleur des cendres. Josh Wurzer^[2], cofondateur de SC Labs en Californie, a déclaré que les cendres noires résultent d’une combustion incomplète. Trop d’humidité et pas assez d’oxygène peuvent avoir un impact sur la température de combustion, ce qui fait que le cannabis brûle mal et forme des cendres noires.

• Teneur en eau

Dans le prolongement de ce qui précède, le séchage et l’affinage peuvent avoir une influence significative sur la production de cendres noires ou blanches. Ces processus post-récolte éliminent l’excès d’humidité, ce qui non seulement réduit la probabilité de moisissure, mais permet aux têtes de brûler à une température plus élevée, augmentant ainsi la probabilité de couleur des cendres blanches.

• Additifs et contaminants

Certains cultivateurs considèrent les cendres noires comme un signe de contamination et les cendres blanches comme un signe de pureté. Selon cette perspective, les cendres noires peuvent signaler la contamination des têtes par des métaux lourds, des pesticides et d’autres produits chimiques. Bien qu’il s’agisse d’une possibilité, aucune recherche n’existe pour étayer cette affirmation.

• Résine

L’impact de la résine jette également un autre pavé dans la mare. Wurzer a déclaré que des quantités accrues de résine peuvent entraîner la production de cendres noires en empêchant une combustion correcte. Cependant, une teneur élevée en résine est traditionnellement le signe d’une qualité élevée des têtes, car cette substance visqueuse contient des cannabinoïdes tels que le THC, ainsi que des terpènes aromatiques qui contribuent au goût et à l’arôme.

La couleur des cendres est-elle un moyen fiable d’évaluer la qualité du cannabis ?

Les cendres blanches sont-elles synonymes de bonne weed ? Pas nécessairement. En fin de compte, il existe de bien meilleurs moyens de juger de la qualité du cannabis. La couleur des cendres ne parvient pas à informer les consommateurs des propriétés les plus importantes et du calibre global de leur herbe. Dans certaines circonstances, elle peut simplement indiquer une mauvaise combustion ; dans d’autres, elle peut être due à l’efficacité des processus de séchage et d’affinage après la récolte.

Comment évaluer correctement la couleur des cendres de weed

Quoi qu’il en soit, si vous tenez toujours à évaluer la couleur de vos cendres de weed, vous pouvez en avoir une bonne idée à l’œil nu. Il suffit de tapoter la cendre à l’extrémité de votre joint, ou de l’extraire d’un bang ou d’une pipe, et de la placer dans un cendrier. Utilisez un outil à dab pour la décortiquer et avoir un bon aperçu de l’intérieur et de l’extérieur du tas pour juger adéquatement de la couleur générale.

Si vous voulez faire passer votre évaluation des cendres au niveau supérieur, vous pouvez utiliser un simple grossissement. Une loupe ou une loupe de bijoutier vous aidera à les regarder de près si vous avez du mal à déterminer si elles sont principalement blanches ou noires.

Autres moyens d’évaluer la qualité de votre weed

Comme nous l’avons mentionné, il existe de bien meilleurs moyens d’évaluer la qualité de votre cannabis que la couleur des cendres. Découvrez ci-dessous les meilleurs moyens de savoir si vous fumez des têtes de haute qualité ou de mauvaise qualité.

• Inspection visuelle

Il suffit de prendre une tête et de l’examiner de près. Celle-ci doit avoir une bonne couche de trichomes et être collante, mais pas humide. Elle doit également être bien manucurée et ne pas présenter de grandes feuilles résineuses. Jetez immédiatement les têtes qui présentent des signes de moisissure.

• Arôme et saveur

Quelle que soit la couleur des cendres, si vos têtes ont une bonne odeur et un bon goût avant et pendant que vous les fumez, il est probable qu’elles soient de haute qualité. Toutes les variétés ont un arôme et une saveur légèrement différents. Du bois, du pin et du poivre aux fruits, aux bonbons et à la Skunk, tout est possible. La weed mal cultivée, séchée et affinée sent souvent l’herbe du jardin, le foin ou la moisissure.

• Taux d’humidité

Non seulement l’excès d’humidité produit des cendres noires, mais il nuit à la saveur d’une tête et la rend difficile à fumer. De surcroit, l’humidité peut entraîner le développement de moisissures dessus pendant le stockage. Les fleurs de cannabis correctement affinées doivent être collantes, mais suffisamment sèches. Des têtes trop humides sont le signe d’un processus de post-récolte et/ou de stockage inapproprié.

Facteurs qui influencent la qualité de la weed

Si vous cultivez votre propre weed, vous avez une bonne dose de contrôle sur la qualité finale de votre récolte. Découvrez les facteurs clés qui amélioreront vos résultats.

• Génétiques

Le choix de la variété joue peut-être le rôle le plus important dans la qualité finale de votre weed. Outre le choix d’une variété qui correspond à vos préférences, cherchez à vous procurer des génétiques connues pour produire régulièrement des résultats de qualité. À moins que vous ne soyez un sélectionneur, optez pour les graines féminisées qui produisent des têtes femelles, car c’est l’option le plus rentable.

• Stress abiotique et biotique

De petites quantités de stress abiotique (c’est-à-dire de stress issu de sources non vivantes) peuvent aider les plants à s’épanouir et à produire plus de cannabinoïdes et de terpènes. Cependant, un stress trop important sous forme de sécheresse, de surarrosage ou de palissage et de défoliation excessifs peut entraîner un retard de croissance, de faibles rendements et des fleurs de qualité médiocre. Par ailleurs, le stress biotique (provenant de sources vivantes comme les insectes ravageurs et les agents pathogènes) peut contaminer les têtes et les rendre dangereuses à fumer.

• Microbiologie et terroir

Essayez de cultiver dans une terre vivante. Non seulement cette approche augmentera la fertilité de votre terre année après année, mais la recherche suggère qu’une population saine de microbes bénéfiques joue un rôle clé dans la qualité des fleurs de weed lorsqu’il s’agit de puissance et de goût. Le concept de terroir (les facteurs environnementaux qui influencent le goût et les caractéristiques des cultures) signifie également que votre climat local produira un profil phytochimique unique dans vos fleurs lorsqu’elles sont bien cultivées.

• Rinçage

Même si les recherches suggèrent que le rinçage des fleurs n’apporte pas grand-chose en termes de purge des nutriments, certains cultivateurs ne jurent que par sa capacité à améliorer le goût et l’onctuosité de la fumée. Le rinçage peut avoir un impact sur la concentration de certains composés phytochimiques agressifs, tels que la chlorophylle, afin de produire une fumée plus agréable.

• Brix

Si vous êtes un cultivateur chevronné, vous possédez probablement un réfractomètre qui mesure les niveaux de Brix. Cet appareil pratique permet une évaluation quantitative de la qualité des têtes. Vous devriez viser à maintenir un niveau de Brix de 12–15 % pour obtenir les plants les plus sains et la weed de la meilleure qualité possible.

• Séchage et affinage

Le séchage et l’affinage sont parmi les facteurs les plus importants lorsqu’il s’agit de la qualité du cannabis. Effectués correctement, ces processus préservent la durée de conservation des têtes et donnent lieu à une fumée douce et savoureuse.

Cendres blanches ou noires : un mauvais indicateur de la qualité du cannabis

Aux côtés de l’utilisation fallacieuse des termes « indica » et « sativa », l’importance de la couleur des cendres sur l’expérience de fumette est probablement beaucoup moins pertinente que certains fumeurs ne le pensent. Si les cendres noires peuvent indiquer une mauvaise combustion due à un excès d’humidité, elles peuvent également indiquer des niveaux élevés de résine. Les cendres blanches, en revanche, sont probablement dues à des températures de combustion plus élevées, mais ne suggèrent en aucun cas une qualité supérieure. Au lieu de vous fier à la couleur des cendres, tenez compte des variables que sont la saveur et l’arôme, le taux d’humidité, ainsi que l’aspect et la sensation de votre weed lorsque vous tentez d’en évaluer la qualité.